Le vide et le silence. Le couloir du troisième étage était désert. Comme toujours. A la Blackwood, on ne traîne pas dans les couloirs pendant les cours, c'est un principe. Pourtant, Kara était assise par terre, près de la fenêtre, au bout de ce long couloir aux multiples portes s'ouvrant toutes sur une salle de classe différente. Appuyée contre un radiateur, elle déchiffrait vaguement une nouvelle partition et l'on entendait seulement le frottement des pages entre elles lorsqu'elle les tournait. On se serait cru en évaluation de fin d'année, quand tout le monde était concentré sur sa feuille et avait chassé le mot "parler" de son esprit. Le stress en moins bien sur. Kara n'aimait pas trop le déchiffrage, elle préférait la pratique. Comme la majeure partie des musiciens d'ailleurs ; mais quand elle été ici, on aurait pu lui demander de se souvenir du théorème de Pythagore que cela ne l'aurait pas dérangée. C'était fou comme tout devenait soudain clair quand on avait personne pour nous déranger. Par cette froide journée d'hiver, la neige tombait doucement, laissant les toits, les arbres et la pelouse se blanchir à son contact. C'était beau la neige, qui recouvrait tout sur son passage et déclenchait la bonne humeur dans tous les dortoirs de l'université. La jeune fille tira sur son long gilet beige sans manches ; vêtu d'un simple chemisier, d'un jean et de bottines à talons, son manteau oublié sur son lit, dans son dortoir, elle avait bien fait de venir ici et de ne pas suivre l'exemple de ceux qui jouaient dehors, comme des enfants, courant et riant sous les flocons. Elle s'imagina avec un petit sourire ironique la tête de ceux qui étaient en cours actuellement, rageurs de ne pas pouvoir, eux aussi, se rouler dans la neige. Elle consulta sa montre avant de se replonger dans l'enchevêtrement de notes et de bémols qui noircissaient les pages de sa partition ; il lui restait encore vingt bonnes minutes avant la sonnerie et le début de son prochain cours. Son regard parcourait patiemment les portées et elle notait, par-ci par-là, un silence, une croche, un ralentissement, son crayon griffonnant ces annotations qui lui seraient éventuellement utile pour jouer ce morceau correctement.

Vraiment, Kara aimait bien venir ici quand elle n'avait pas cours. Le temps passait et elle pouvait être tranquille, loin du bourdonnement incessant de la salle de permanence et de la froideur du parc en hiver. « Je me demande vraiment pourquoi personne ne vient ici... » C'est vrai, c'était tellement bien qu'elle aurait pu y passer des heures entières. Après tout, ça ne la dérangeait pas d'être seule. Solitude aurait pu être son deuxième prénom. Surtout en ce moment où... Enfin, elle était bien contente que personne ne vienne la déranger. Du moins était-ce ce que Kara croyait avant d'entendre, de l'escalier, des pas précipités qui, à son grand désespoir, avaient l'air de se rapprocher.

Kara leva la tête vers le croisement entre le couloir et les escaliers, attendant d'apercevoir le visage de celui ou celle qui était sur le point de crever sa petit bulle de tranquillité. Elle priait à moitié pour ne pas tomber sur quelqu'un avec qui ses affinités n'étaient pas spécialement positives. Dès l'instant où elle reconnut la jeune fille qui pénétrait dans le couloir, elle sentit sa journée pourtant si bien commencée tomber à l'eau, comme si une brume épaisse venait salir les nuageux neigeux. Sa cousine Meaghan venait d'arriver, les cheveux légèrement humides comme si elle avait tenté de les sécher mais n'avait pas pu finir et ses chaussures aux semelles mouillées de neige fondues crissant sur le parquet. Honnêtement, Kara ne voulait pas détester Meaghan. Elle s'entendaient même plutôt bien avant... La brunette essaya de ne pas trop exposer sa haine envers sa cousine mais sentit malgré tout que son regard se voilait, s'assombrissait. Depuis la fin de la précédente année scolaire, le temps avait fait son travail et, au cours des vacances d'été, Kara n'avait plus trouvé le courage d'adresse la parole à Meaghan. Ça lui faisait trop mal car désormais, la seule chose à laquelle Kara pensait en la regardant, c'était Julian. Julian qui lui manquait, sa main dans la sienne, la voix quand il l'appelait au beau milieu de la nuit pour apprécier son avis sur une nouvelle chanson. Oh, tout ça était finit depuis bien longtemps, mais Kara l'aimait toujours. Mais ni lui ni personne d'autre ne le savait, et ce n'était pas près d'arriver. Et voir l'expression de Meaghan quand elle parlait du garçon, les imaginer ensemble, c'était juste trop dur. Insurmontable. Meaghan, à première vue, hésita, puis lâcha ;

MEAGHAN ; Salut Kara...

Kara la fixa quelques instants. Les relations humaines et elle-même n'étaient pas les meilleures amies du monde. Bien sur, quand elle était avec Julian, c'était différent. Tout était différent. « Arrête ça Kara, arrête de penser à lui ! » s'interdit-elle quand elle sentit sa vision se brouiller. Elle jeta un nouveau coup d'œil à Meaghan. Elle dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas partir en courant. Non, elle n'allait pas fuir. Pas cette fois. D'une voix légèrement adoucie par rapport à la façon dont elle parlait d'habitude à sa cousine, peut être à cause du flot de souvenirs qui étaient remontés à elle, elle lui répondit ;

KARA ; Le prof' de piano n'a pas fermé la porte entièrement, il doit t'attendre...

Meaghan regarda Kara à son tour. Kara avait suffisamment bien appris à observer les autres pour comprendre qu'en ce moment précis, un flot de questions se déversait dans l'esprit de sa cousine. En réponse à la remarque de Kara, elle jeta un œil vers la salle de piano. Kara suivit son regard ; non, elle n'avait pas rêvé, la porte était bien entrouverte. Meaghan sembla hésiter de nouveau. Partir ou rester ? Question si cruelle que bien trop de monde sur cette foutue planète se posait. Kara observa attentivement les possibles réactions de Meaghan et crut voir dans ses yeux un reflet de pitié. Mais qu'avait donc cette pauvre, triste Kara ? Cette dernière n'aimait pas tant que ça qu'on la prenne en pitié. Encore moins dans la situation actuelle où elle devait déjà se faire violence pour retenir ses larmes. Elle regarda avec étonnement Meaghan prendre place à côté d'elle. Ni l'une ni l'autre des deux jeunes filles ne prononça mot. Comme si elles avaient peur de casser ce doux et apaisant silence. Personne ne cria et personne ne pleura, jusqu'à ce que le téléphone de Meaghan vibre, emportant avec lui le calme du couloir. Meaghan l'attrapa et Kara la fixa, n'osant pas baisser les yeux vers l'écran de peur de voir ce qu'il affichait. Mais Meaghan refusa l'appel.

MEAGHAN ; Kara, j'ai besoin de savoir la vérité... Est-ce que je t'ai fais quelque chose ? Blessée ? Ou même vexée d'une façon ou d'une autre ? Parce que pour que tu te comportes comme ça avec moi il faut vraiment, mais vraiment que j'ai fait quelque chose d'horrible !

Kara ne répondit rien. Du moins pas encore. Elle se contenta de regarder Meaghan à première vue fière de sa tirade et soupira. Comme elle brûlait d'envie de tout lui dire, de tout révéler à quelqu'un pour une fois, une seule petite fois dans sa vie, de se confier. Sauf que ce n'était pas de la faute de Meaghan. Ou alors, si c'était le cas, ça l'était indirectement. De nouveau, le téléphone vibra et, avec un regard d'excuse, Meaghan se leva pour aller parler un peu plus loin. Action stupide ; dans le silence du couloir, Kara entendait chaque mot de Meaghan mais aussi chaque réponse de son interlocuteur. Ce n'était pas son genre, d'écouter les discussions des autres ; elle n'en avait rien à faire de ce qu'ils pouvaient bien se raconter, ce n'était pas son problème ; et elle aurait donné n'importe quoi pour ne rien entendre. Mais l'intégralité de la conversation parvint à ses oreilles. Même de loin, même à travers le téléphone de Meaghan, entendre cette voix suffit à lui faire monter les larmes aux yeux. Elle se leva pour faire face à la fenêtre. Une fois dos à Meaghan, elle put enfin se laisser aller et pleurer. Elle entendit cette dernière prononcer son prénom à lui, plusieurs fois, plusieurs fois, comme pour le ramener à la réalité. Meaghan lui avait dit qu'elle était avec Kara, et il n'avait rien répondu. Ce silence, c'était trop. Kara s'appuya contre le rebord de la fenêtre. Dernier échange de paroles ; Meaghan raccrocha ; Kara essuya ses yeux d'une main tremblante. Elle ne se risqua cependant pas à parler de peur que sa voix, encore chargée d'émotion, ne la trahisse. Meaghan ne pouvait pas comprendre...

Meaghan rangea son téléphone et fit quelques pas vers Kara ; cette dernière l'entendait dans son dos. Les larmes qu'elle avait chassées furent vite remplacées par de nouvelles. Toute cette solitude qu'elle avait contenue depuis ce fameux été se déversait là, maintenant. Exactement au moment où il ne fallait pas qu'elle pleure. La brunette entendit sa cousine l'appeler puis sentit qu'on attrapait sa main. Contre toute attente, elle se retrouva face à Meaghan. Elle n'osait pas la regarder, pas dans cet état, pas quand elle n'arrivait plus à se contrôler, et elle fixait tantôt les escaliers, tantôt un tableau. Meaghan ne s'attendait pas à voir Kara comme ça. Tout en posant une main solidaire sur l'épaule de Kara, elle lui intime doucement de se calmer, ne comprenant probablement rien à la situation. Kara se dégagea vivement et se mit à faire les cent pas le long du couloir. Pourquoi fallait-il que Meaghan soit gentille ?! Ses larmes redoublèrent et elle les chassa d'une main rageuse, furieuse de se donner ainsi en spectacle. Elle aurait préféré que Meaghan lui hurle dessus. Kara passa une main dans ses longs cheveux châtains. Meaghan ne savait pas que Julian et elle se connaissaient, qu'ils étaient plus – ou moins ? - que des connaissances et avaient même été bien plus que de simples amis. Tout ça, elle l'ignorait. Et Kara ne pouvait pas lui dire, elle n'y arriverait jamais. Elle ferma les yeux, renonçant à empêcher les larmes de rouler sur ses joues sans pour autant s'arrêter de marcher. Inconsciemment, elle vit Meaghan prendre son sac et se diriger vers la salle piano. Sans vraiment réfléchir aux conséquences, elle se stoppa et posa une main sur le bras de sa cousine. Elle ne pouvait plus continuer comme ça et trouvait absurde que Meaghan n'ait pas compris d'elle-même. Tout comme Kara, elle ne voulait simplement pas faire faire face à la vérité. Ignorant ses larmes, son état lamentable et sa voix alors incontrôlée, elle regarda Meaghan dans les yeux.

KARA ; Je suis désolée d'être comme ça mais... Là, j'en peux plus. Et le pire c'est que tu t'en rends même pas compte ! Je... Ouvre les yeux Meaghan, parce que c'est trop dur de te l'avouer ! Mais il faut vraiment que tu comprennes alors regarde-moi, fais le lien avec ce que tu as constaté et comprend-le toute seule ; j'ai besoin que tu comprennes...

Kara, dont la voix était encore un peu hachée de sanglots, tenta une dernière d'effacer ses larmes et se calme un peu. Elle inspira profondément et espéra, espéra que Meaghan comprenne. Il fallait que quelqu'un sache et c'était elle la mieux placée.

A peine ses paroles prononcées, Kara les regretta. Elle ne voulait pas que Meaghan sache, elle avait bien trop peur de sa réaction. « Ce qui est fait est fait. » Elle ne pouvait plus nier tout qu'elle avait balancé à Meaghan et elle ne pouvait pas plus nier que Julian et elle étaient sortis ensemble. Ni qu'elle l'aimait toujours et qu'elle n'arrivait pas à se le sortir de la tête, et Dieu sait qu'elle avait tout fait pour l'oublier. Kara reporta son attention sur Meaghan. Celle-ci semblait faire le tri entre ce qu'elle savait et ce qu'elle supposait. Soudain, un éclair passa sur son visage. C'était trop tard. Elle avait compris. Tout compris.

MEAGHAN ; Impossible, ils ne se connaissaient pas...

Ce murmure voulait tout dire. Soudain l'option « s'enfuir en courant » n'avait plus l'air si mauvaise aux yeux de Kara. Elle ne parvenait cependant pas à détacher ses yeux de Meaghan. Cette dernière paraissait se demander si ce qu'elle imaginait, ce qui était sous ses yeux depuis le début, était vraiment possible. C'était comme si Kara voyait les pièces du puzzle s'assembler sous les yeux de Meaghan.

MEAGHAN ; Julian et toi... Vous êtes sortis... Ensemble ? L'été dernier, c'est ça ?

Meaghan la regardait fixement. Face à son regard, Kara n'eut pas, mais alors vraiment pas la force de lui avouer que, l'été dernier, ils sortaient ensemble depuis déjà presque un an. Elle ne dit rien. Elle ne voulait pas. Elle ne pouvait pas. Elle n'oserait plus jamais regarder Meaghan ou même Julian dans les yeux après ça...

MEAGHAN ; Tu veux que je te dises quoi Kara ? Que je saute de joie en apprenant que ma cousine est sortie avec le gars de j'aime ? Désolée de te décevoir mais c'est pas prévu au programme !

A l'écoute de ses paroles, Kara eu l'impression qu'on lui brisait le cœur une nouvelle fois. Les mots « cousine », « sortie avec » et « le gars que j'aime » flottaient dans l'esprit dans l'esprit de Kara comme un écho dans une grotte. Elle ne lui répondit toujours pas, incapable d'émettre le moindre son. Elle regarda simplement le jean de Meaghan qui se tâchait d'une larme, comme une enfant essayant de comprendre le monde des adultes. Elle l'avait dit. Elle aimait Julian. Kara n'avait alors même plus la force de pleurer. Meaghan se leva.

MEAGHAN ; Au fait, c'est pas avec mon prof' de piano que j'avais rendez-vous, c'était avec lui. Alors vas-y, te gênes pas pour moi.

Kara ferma les yeux et dut s'appuyer contre le mur pour conserver son équilibre. Elle entendit Meaghan partir et des sanglots résonnèrent de la cage d'escalier. Recouvrant son sang froid, la jeune fille rejoignit sa cousine, ne prêtant pas attention aux larmes de celle-ci.

KARA ; Tu penses que de me hurler dessus changera tout ?! T'as dit tout ça juste pour me rendre jalouse ? Quoi que tu fasses, quoi que tu dises Meaghan, ça ne changera rien ! C'est un fait, Julian et moi on est sortis ensemble et c'est pas en me torturant que tu vas changer le passé !

Ce n'était pas dans les habitudes de Kara d'accabler quelqu'un comme ça, mais là, Meaghan avait dépassé les bornes. En soupirant, Kara s'assit sur une marche à bonne distance de Meaghan.

KARA ; Et, oui, je suis jalouse. Je suis jalouse de toi depuis le jour où tu as annoncé que tu avais flashé sur Julian O'Connor parce que tu avais une chance, et pas moi. J'ai vraiment essayé d'oublier mais depuis ce jour-là, t'avais toujours une phrase où un sourire pour me rappeler que tu l'aimais.

Toujours pas de larmes. Non, vraiment, Kara ne voulait plus pleurer.

Meaghan ne trouvait visiblement rien à redire face aux accusations de Kara. Kara la regarda sécher ses larmes et relever la tête vers elle. De multiples sentiments passèrent alors sur le visage de Meaghan ; colère, confusion, compréhension, culpabilité. Kara ne savait pas si elle devait s'en réjoui ou s'en inquiéter. En même temps, elle-même se sentirait coupable de se réjouir de la culpabilité de quelqu'un d'autre. Elle décida alors de rester aussi neutre que ses émotions le lui permettait. Meaghan se releva tout en s'appuyant au mur.

MEAGHAN ; Kara, écoute... Je suis vraiment désolée de ce que je dis mais c'est juste que... Je sais pas.. Je pense que je suis juste complètement dépassée par ce qui se passe, mais dans tous les cas je n'ai jamais voulu te rendre jalouse ou te faire souffrir et si je l'ai fais, excuse-moi.

Kara fut incapable de toute réaction et sa neutralité s'envola avec les paroles de Meaghan. Si elle s'était attendue à ça ! Elle cligna plusieurs fois des paupières, les paroles de Meaghan repassant en boucle dans sa tête. A peine eut-elle réalisé ce que sa cousine venait de lui lâcher, cette dernière reprit ;

MEAGHAN ; Je t'avoue que je sais pas comment réagir, quoi faire. Mais Kara je vais être sincère avec toi. J'aime vraiment Julian. Mais tu es ma cousine, ma famille, alors si le fait de sortir avec Julian te blesse alors je ne le ferai pas

Kara regarda Meaghan prendre place à côté d'elle et prendre sa main puis, comme dans un de ces vieux films muets en noir et blanc, les mots prononcés par Meaghan n'arrivèrent qu'après et traversèrent son esprit. Kara chassa une dernière larme sur la joue de sa cousine. Elles ne s'étaient jamais aussi bien entendues qu'aujourd'hui mais, même si c'était désolant à formuler, elles ne s'étaient jamais autant détestées qu'aujourd'hui. Émue, Kara n'aurait cependant jamais voulu entendre les derniers mots de Meaghan. C'était exactement ce qu'elle craignait. Ce n'était pas le fait que Meaghan lui dévoile explicitement ses sentiments pour Julian qui l'attristait. Non, c'était autre chose... Kara se leva pour mieux faire face à sa cousine.

KARA ; Meaghan... J'apprécie que tu sois désolée à ce point-là même si, comme je le pensais, je me sens coupable que tu sois coupable. Mais c'est exactement ce que je redoutais. Je suis une des personnes les mieux placées pour comprendre que tu aimes Julian.

Kara inspira profondément et s'arrêta. Elle ne s'était même pas rendu compte qu'elle marchait. Avec un soupire, elle retourna s'asseoir auprès de Meaghan.

KARA ; C'est pour ça que je ne voulais pas que tu saches, à propos de nous ; je sais ce que c'est de ne pas pouvoir être avec celui qu'on aime et je ne veux surtout pas que tu ressentes la même chose... à cause de moi.

Bizarrement, Kara ne ressentit aucune tristesse à déclarer tout ça. Elle prit alors à son tour la main de Meaghan. L'esquisse d'un sourire se dessinait sur ses lèvres quand elle indiqua la salle de piano d'un petit signe de tête.

KARA ; Vas-y, rejoins-le. Oublie tout ce que j'ai pu te dire et fais ce que je n'ai pas eu le courage de faire. Julian est vraiment quelqu'un de bien et je m'en voudrais que tu laisses passer une occasion pareille juste parce que je l'aime aussi.

Kara poussa doucement Meaghan vers la salle. Ça aurait été mentir que de dire que Kara était heureuse pour Meaghan et qu'elle voulait vraiment que Julian et elle aient une vraie relation. Bien sur que Kara ne pensait pas ça. Elle n'aurait certainement pas la force de les regarder se tenir par la main et même simplement parler ensemble. Mais – ses sentiments pour Julian y étaient surement pour beaucoup – elle pouvait comprendre. Elle pouvait se mettre à la place de Meaghan et se dire que, si ça avait été elle, elle aurait aimé pouvoir être avec lui. Finalement, Meaghan se leva, visiblement hésitante.

MEAGHAN ; Je... Je... Kara, je sais pas, je sais plus... Vous devriez d'abord parler, non ? Régler vos histoires...

Elle regardait la salle, puis Kara, puis de nouveau la salle et ainsi de suite. Kara ne souhaitait plus que de se retrouver seule. Non pas qu'elle ne voulait plus voir Meaghan ; après cette rencontre, elle ne la considèrerait plus jamais de la même façon, mais elle avait besoin de faire le point, de forcer ses sentiments à se faire tout petits pour qu'elle n'ait plus à faire face à une pareille scène. Elle laissa son regard divaguer.

KARA ; On a déjà réglé tout ça l'été dernier, Meaghan. On a eu une histoire, c'est vrai, mais c'est fini et même si moi je n'ai pas oublié, ce n'est surement pas le cas de Julian.

Elle le pensait vraiment, que Julian l'avait totalement effacée de ses souvenirs. Meaghan brûlait d'impatience de le rejoindre, c'était flagrant. Une pointe de regrets lui noua l'estomac quand elle prit la partition et passa nonchalamment son sac sur son épaule. Elle regarda fixement l'entrebâillement de la porte de la salle de piano ; elle avait plus de bons souvenirs en repensant à Julian que de mauvais et tout regrets s'envolèrent à cette réflexion. Elle prit la direction des escaliers et se retourna un dernière fois vers Meaghan.

KARA ; Tu m'as jamais considérée comme un obstacle, cousine. C'est pas le moment de commencer.

Elle se retourna et descendit les escaliers, les talons de ses chaussures brisant continuellement le silence. Une dernière larme glissa lentement et silencieusement le long de sa joue, traîtresse, qui retraçait à elle toute seule l'intégralité de la désolante tournure de cette conversation. Kara l'ignora et poussa la porte d'entrée du bâtiment principal. Le froid la saisit et elle en oublia instantanément cette gouttelette cristalline qui gelait sur sa joue ; en ce moment-même, elle ne se souciait plus que de s'éloigner le plus possible de cette salle de piano.

RP TERMINÉ !
LE PREMIER RP-SMS DU MONDE ; BECAUSE WE ARE THE BEST ♥

*jesuisdéjàdehors*